Avec deux albums au compteur et un engouement des deux côtés de l’Atlantique, la chanteuse catalane défile en wheeling sur les sommets des charts et récolte les louanges de nombreux admirateurs, de Pharrell Williams à Pedro Almodóvar. Vedette pulpeuse au bord de la crise de nerfs, Rosalía chamarre son flamenco sauce andalouse de RnB et d’électro. Au point d’être perçue comme l’antéchrist par ceux qui lui reprochent d’usurper une culture séculaire. Et si c’était l’artiste de la décennie ?
Le dernier numéro de la revue de Marc-Édouard Nabe, Patience, est la première œuvre de l’artiste interdite aux mineurs. On pourrait même croire qu’elle est interdite tout court, tellement tout le monde se complait dans le silence depuis sa sortie au début de l’été. Pas un journaliste ne hurle au scandale, pas une #MeToo ne balance son « porc »… Même les fans se taisent ; tant pis pour les pisse-froids !
On se croirait dans Half-Life. Pour visiter l’exposition virtuelle de Marc-Édouard Nabe « Grands Pédés », on charge en fait un « jeu » qui rappelle le célèbre FPS peuplé de créatures malfaisantes. Sans pied-de-biche, par contre. Sur les murs de cette galerie , des aquarelles, du fusain, de l’encre… Douze tarlouzes grandioses à l’honneur, 120 toiles fascinantes.
Adieu, c’est d’abord l’histoire de deux phrères d’âme, d’armes et de sang. Phrères comme ont pu l’être avant eux tous ceux qui se sont reconnu une filiation, une fraternité avec les jeunes fondateurs du Grand Jeu, l’audacieuse et mystique revue « simpliste » lancée en 1928 par René Daumal et ses condisciples..
Autre fragment d’Adieu – la revue littéraire des frères Vesper : la vidéo de lancement du n° 2. On ne sait plus si c’est un trailer ou un missile air-sol lancé depuis le firmament!
Je ne sais plus très bien quel fut ton premier coup d’éclat. Celui qui m’a marqué en premier je veux dire. Sans doute les Éclats de Nabe, justement. C’est tout un genre que vous avez créé. Vivre ces moments est déjà transgressif, en soi. Les filmer, les monter et les diffuser comme tu l’as fait, ce sont des actes révolutionnaires.
L’année 2015 fut sanglante pour la France. Elle fut aussi hautement littéraire. À condition de voir, dans les événements du 7 janvier et du 13 novembre, une déflagration métaphysique digne de celle d’un pipe-line au milieu du désert.
La vie est une chienne. Ou kouachienne, c’est selon. 2015 fut l’année de la bougie émotionnelle en France, comme à peu près partout d’où l’on a vu sortir des #JeSuisCharlie, des #PrayforParis et des #JeSuisEnTerrasse. Les frères Kouachi ont allumé une mèche vengeresse en passant la rédaction de Charlie à la kalach. De ce carnage à celui du 13 novembre, en passant par les assauts du GIGN et du RAID contre les terroristes, ont jailli une fois de plus, comme d’un puits de pétrole, la littérature et le swing de Marc-Édouard Nabe.
Il fallait bien que quelqu’un l’écrive, cet hymne au Djihad. Quelqu’un que ça démangeait sans doute depuis les premières têtes qui roulent sur le sable mésopotamien. Depuis Daech, le retour du Califat. Les djihadistes, eux, n’ont pas attendu pour sortir leur magazine, Dabiq, en grand format et en photos couleur à la Paris Match. Alors Marc-Édouard Nabe a mis l’État islamique en page, lui aussi.
Bangui n’est plus ce qu’elle était. Après des mois de déchirement, le constat, aussi flagrant que désolant, est dans toutes les bouches. Mais il est surtout partagé par ceux qui ont connu l’époque du président-empereur Jean-Bedel Bokassa, treize années de règne sans partage pour la Centrafrique, dans les années 70. Pot pourri de témoignages dans un pays meurtri.